Guignol, le satirique lyonnais

Créée à Lyon au début du 19e siècle, Guignol est la marionnette la plus connue de France. Que ce soit dans la rue ou à la télé, aujourd’hui ou sous l’occupation nazie, le personnage  critique, et amuse.  En plein coeur du quartier historique du Vieux-Lyon, le musée des Arts de la marionnette présente l’histoire de Guignol et des marionnettes du monde entier.

Des rires d’enfants sont perceptibles cet après-midi, dans le quartier Vieux-Lyon. Devant l’entrée des musées Gadagne, des ballons de baudruche sont accrochés. Deux comédiennes en costumes accueillent de nombreuses familles, pour l’occasion. Le musée des Arts de la marionnette organise une journée Portes ouvertes.

À l’intérieur, certaines salles sont bondées. Si ce musée attire autant de monde, c’est parce que ici, les marionnettes, c’est un produit local. Une en particulier a marqué l’histoire de la ville, et de la France tout entière: Guignol.

« Tous les Lyonnais sont allés voir des spectacles de marionnettes avec Guignol étant jeune. Elles ont bercé notre enfance. Il s’agit d’un vrai élément de la culture lyonnaise » explique Karine, Lyonnaise de naissance en visite au musée Gadagne dimanche 6 avril.

Guignol, un instrument de critique populaire

Guignol est une marionnette fabriquée à Lyon en 1808. Laurent Mourguet, un ancien canut devenu arracheur de dents après la crise de la soie, cherche un moyen de détendre ses patients. L’idée de les distraire avec des spectacles de marionnettes lui vient à l’esprit. C’est Polichinelle, le célèbre personnage italien né de la commedia dell’arte, qui joue les premiers rôles dans le cabinet de Mourguet. Par la suite, le dentiste crée Gnafron,  Madelon et enfin, Guignol. Les personnages représentent souvent des gens pauvres et alcoolisés.

C’est le début des salles de spectacle, des compagnies théâtrales de marionnettistes et d’une imagerie populaire et comique. D’abord véritable chantre du parler lyonnais, Guignol devient la coqueluche dans tout le pays.

Lui et ses compagnons lyonnais deviennent vite un moyen de critique du pouvoir et des puissants. Ils subissent la censure à de nombreuses reprises. Pendant l’occupation nazie, les spectacles avec Guignol en tête d’affiche contribuent à la Résistance en faisant passer des informations et en luttant contre la propagande. Le concept de critique des puissants est  repris en 1988 par Canal+ dans l’émission « Les Guignols de l’Info« , un franc succès pendant 30 ans.

Mais à Lyon, aujourd’hui encore, Guignol est connu, et reconnu, sous sa forme primaire d’animateur de spectacles de rues. La plus populaire de ces représentations se joue au Parc de la Tête d’Or, pour le plus grand bonheur des gones.

Des marionnettes du monde entier

Au musée des Arts de la marionnette, plusieurs salles sont consacrées à l’Histoire des marionnettes du monde.

Ces petites figurines maniables ont véritablement traversé les époques. Des archéologues en avaient découvert dans des tombeaux datant de l’Égypte antique. Plus tard au Moyen Âge, elles étaient utilisées pour enseigner la religion. « C’est d’ailleurs de là que vient le mot « marionnette », qui est un dérivé de « Marie », la mère de Jésus », explique Laura, une guide du musée des marionnettes de Lyon.

D’Afrique ou d’Amérique du Sud, de Polichinelle à PPDA des Guignols de l’Info en passant par les stars du Muppet Show, ce musée possède une collection importante. Tout ou presque y est mis oeuvre pour montrer la vitalité de cet art qui s’est souvent développé dans la rue, au même titre que le théâtre, la danse ou le cirque. «Mettre de la vie où il y en a pas», «raconter des histoires que les mots seuls ne peuvent pas raconter», en sont les grands concepts.