Chef-lieu du catholicisme et de ses conquêtes
Impossible de se rendre à Lyon sans remarquer l’enracinement de cette ville dans la religion catholique. Véritable berceau de l’avènement du christianisme en France, Lyon reste attachée à son histoire religieuse malgré une baisse du nombre de fidèles.
«Quand j’habitais à Paris, je me disais que j’étais dans une ville laïque. Depuis que je suis à Lyon je me sens vraiment dans une ville catholique. Ça se ressent dans la mentalité des gens et par tous les monuments qui ornent la ville», raconte Caroline, 43 ans, arrivée récemment dans la troisième métropole de France pour y travailler.
La messe dominicale de l’église de Saint-Nizier, spécialement décalée à 19 heures pour que les jeunes puissent y assister, confirme les propos de Caroline. À cette heure-là, le lieu de culte est plein à craquer de jeunes entre dix-huit et trente ans.
Une dévotion à la vierge
Au total, près de 70 édifices religieux, églises, monastères, basilique, chapelles, ou cathédrale, décorent la ville. Le 5ème arrondissement, quartier le plus touristique de Lyon, est également celui qui compte le plus de monument catholique : quatorze. Parmi les plus connus, la Basilique Notre-Dame-de-Fourvière mais aussi la cathédrale Saint-Jean.
En décembre, lors de la fête des lumières, «Merci Marie», règne sur la colline de Fourvière. C’est une tradition, devenu touristique pour remercier la vierge Marie, qui, selon la légende, aurait exaucé les prières des fidèles en épargnant la cité de la peste à la Renaissance.
Pourquoi le patrimoine lyonnais est-il si catholique ? Tout simplement car la ville a joué un rôle primordiale dans l’avènement du christianisme en Europe. D’où la désignation de «Primat des Gaules» conféré à l’archevêque de Lyon depuis 1079.
À l’antiquité, le berceau des premiers catholiques de France

C’est à Lyon qu’ont été trouvés les premiers écrits relatant de la présence de chrétiens en France. Ils datent du deuxième siècle après Jésus-Christ, et racontent l’histoire des Martyrs de Lyon. À l’époque, quelques chrétiens sont envoyés à Lugdunum pour y implanter la religion monothéiste. Une petite communauté chrétienne se forme dans la capitale des Gaules. À l’été 177, quarante-sept d’entre eux, dont une certaine Blandine, sont lynchés par la foule, dévorés par les lions dans les arènes, ou égorgés. Blandine est désormais reconnue comme sainte, une église lyonnaise porte aujourd’hui son nom.
Au Moyen-Âge, Lyon point de départ des évagélisateurs
À la chute de l’empire Romain, la religion catholique, par son influence faite de terreur et de bonté, devient la première puissance de France jusqu’au XIV siècle. Sous le règne de Charlemagne, Lyon joue un rôle primordial dans la conquête européenne. L’empereur français va conquérir et christianiser quasiment toute l’Europe. Les évangélisateurs prennent pour point de départ de leur périple la ville de Lyon. Une tradition qui perdure encore à ce jour. «Aujourd’hui encore les prêtres français qui partent évangéliser dans le monde démarrent leur périple de Lyon, plus particulièrement de Fourvière», explique Pierre Durieux, chef du cabinet du cardinal Barbarin.
A la Renaissance, l’église lyonnaise mise sur la spiritualité
À la Renaissance, l’Église catholique a la ferme intention de se moderniser et de délaisser l’aspect intégriste de la religion pour laisser place à la spiritualité. En 1643, la Basilique Notre-Dame de Fourvière sort de terre, tout comme l’Université catholique de Lyon quelques années plus tard. L’Église prend le contrôle de l’enseignement et l’éducation. En 1900, il y a 2300 élèves dans le secondaire catholique contre 1400 dans le public.
Moins de fidèles, mais une identité revendiquée
Comme beaucoup de villes françaises, «La primat des gaules», possède une culture catholique forte. Cependant Pierre Durieux, le chef de cabinet du cardinal Barbarin reconnaît la perte de vitesse actuelle du religieux dans sa ville. «En 1985, il y avait 3000 véritables religieux à Lyon qui refusait de se marier qui souhaitaient vivre dans la pauvreté, l’obéissance et la chasteté. En 2016, il n’en reste plus que 1100». Une tendance qui n’inquiète pas les autorités religieuses.

«Après mai 1968, il y a eu ce grand déclin de croyants, après peut-être qu’il y aura une rehausse, comme il y en a souvent eu dans l’histoire. On peut voir actuellement que le catholicisme revient au centre du débat politique en France. Par exemple pour les primaires de la droite et du centre la religion catholique, a été au centre du débat, les hommes politiques s’arrachent l’électorat catholique».
En 2012, en plein débat sur le budget que devait consacrer la mairie à la rénovation du musée de l’Hôtel-Dieu, André Vianès, fervent défenseur de la laïcité, avait regretté: «La Ville est très influencée par les cathos. Ils ont un pouvoir très fort. Chaque fois qu’ils formulent une demande, les élus plient le genou».
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